Nantes 2/2 : L’Unité d’habitation toujours radieuse ?

Ne quittons pas Nantes sans remettre les pieds dans l’un de ses classiques et incontournables.

Le bâtiment de la Maison Radieuse de Rezé (Nantes sud) a, à l’échelle urbaine, une présence quasi magnétique ; et on a du toit un des plus beaux points de vue sur les environs. Aussi imposant et majestueux qu’un paquebot (dont Le Corbusier dit s’être inspiré, on le sait), il domine de ses 52 mètres de haut le paysage de l’agglomération nantaise et constitue un repère spatial et identitaire indéniable.

C’est une des cinq Unités d’habitation construites par Le Corbusier sur le même modèle. Commencée en 1955, c’est la deuxième et la plus petite, mais aussi la seule à être encore à 55% composée de logements sociaux alors que les autres, en particulier celle de Marseille, ont été quasi intégralement récupérées par la classe moyenne (dite "bobo").

Inscrite aux Monuments historiques depuis 2001, on peut la visiter trois fois par semaine à des heures précises sur réservation. Cette visite, qui vous fournira un topo assez complet sur Le Corbusier, ses fameux "principes" et leurs applications dans les Unités d’habitation, vous mènera du parc boisé à la rue intérieure puis dans l’appartement témoin et enfin sur le toit-terrasse.

L’appartement témoin n’a jamais été habité, et cela a ses avantages comme ses inconvénients : on peut y observer l’espace originel et le mobilier d’époque (Charlotte Perriand, Jean Prouvé) ; mais on ne peut pas savoir comment les habitants vivent ces espaces "en vrai".

Malgré la fermeture des commerces et du bureau de poste du hall d’entrée, l’école maternelle a réussi à survivre, mais le toit où elle est installée est malheureusement inaccessible aux habitants comme aux touristes, en dehors des visites encadrées et des heures de sorties d’école.

C’est ce genre de constats qui turlupine : un espace comme le toit-terrasse, fondamental dans la théorie de Le Corbusier, ne perd-t-il pas tout son sens si on en retire l’accès aux habitants ? Un immeuble aussi "collectiviste" a-t-il encore un sens quand on en change le dispositif de gestion économique (au départ "la Maison familiale", société coopérative, mise en déroute par la loi Chalandon en 1971) ?

Ces questionnements naissent à la confrontation de l’idéal avec la réalité des espaces… De passage près de Rezé, Marseille, Briey, Firminy ou même Berlin, n’hésitez pas à aller vous faire votre propre idée pour ne pas en rester à une connaissance uniquement "livresque" de l’œuvre de Corbu.

Maison Radieuse, Bd Le Corbusier, 44400 Rezé

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